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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 12:11

Micah Sloat et Katie Featherston. Wild Bunch Distribution

"Oh mon Dieu ! Encore un fantôme qui fait claquer les portes ! Ils pourraient innover, non?"

"T'inquiète chérie, dans tous les cas on passera sur Vidéo Gag."

Synopsis:

Depuis qu'elle a 8 ans, les nuits de Katie sont régulièrement pertubées par d'étranges phénomènes. Fantôme, démon? Pour en avoir le coeur net, son ami Micah décide d'installer une camera, afin d'avoir la preuve de ces activités paranormales.

Mon avis:

A l'origine d'un buzz incroyable, qu'on ne présente plus, Paranormal activity, intrigue et gêne tout à la fois. Quelle est donc ce film qui a fait peur à Spielberg en personne (je n'étais d'ailleurs pas au courant qu'il était réputé pour n'avoir peur de rien) ? Mérite-t-il une telle publicité, et des comparaisons pour le moins élogieuses à des références comme L'Exorciste ? Finalement, et comme souvent avec de tels battages médiatiques, la question que tout le monde se pose reste : bombe nucléaire ou pétard mouillé?

Pour entrer dans le vif du sujet, je dirais que le résultat est prometteur, mais inabouti. Les moments purement angoissants laissent malheureusement souvent place à des scènes véritablement inutiles.

Comme un grand nombre de films d'horreur récents, le film repose sur le principe de la vidéo amateur, ce qui permet de donner un côté réaliste au film. Bon moyen pour dynamiser l'action, en particulier dans ce genre de film à petit budget, ce procédé accentue surtout le sentiment de vulnérabilité du spectateur, qui finalement a le sentimement que ce pourrait être lui qui tient la caméra. Encore faut-il que tout ceci soit justifié. Comme dans Rec, où l'héroïne veut faire du journalisme de sensation. Ou dans Cloverfield, dans lequel, à la manière de ceux qui ont filmé les attentats du 11 septembre, le héros cherche à laisser une trace de ce qu'il vit. Si l'on comprend le besoin de Micah de filmer les évènements qui se déroulent la nuit, la pillule passe moins facilement quand il se filme en train de faire du café, de prendre son petit déjeuner, ou encore de s'engueuler avec sa copine...

Loin de créer une atmosphère intimiste, ceci aboutit à des scènes parfaitement inutiles, voire ennuyeuses. Et révèle un des défauts majeurs du film : l'absence de scénario. On y reviendra plus tard, mais pour autant de passages nocturnes réussis, les scènes de jour sont plutôt ratées. En effet, ce qui se passe à la lumière du Soleil va rarement chercher plus loin que quelques questions posées dans le vide. Pourquoi ne pas avoir développé l'histoire de ce démon qui poursuit Katie, plutôt que de se contenter de commentaires creux sur ce qui s'est déroulé durant la nuit ? Le personnage du médium synthétise parfaitement ce goût d'inachevé : largement sous-exploitées, ses interventions se limitent à expliquer que le démon est mauvais (no comment), et que lui ne fait que parler aux fantômes, et donc ne peut rien faire (no comment again), alors qu'il aurait parfaitement pu être celui par qui l'histoire avance. Au final on ne saura pas grand-chose (voire rien du tout quand on y repense). Dommage, car même un semblant d'explication, comme dans les films japonais du style de The Ring, ou The Grudge, aurait suffi. Bref, n'importe quoi plutôt que de voir un type trifouiller sur son logiciel Audacity pour écouter ce qu'on avait déjà écouté.

En revanche, à côté de tout ça, les scènes de nuit réhaussent pleinement le niveau du film. Posée sur un trépied, la caméra permet d'avoir une vision globale de ce qui se passe dans la chambre, et dans le couloir. On sent combien on peut être fragile quand on dort dans son lit. Directement, le stress monte d'un cran, l'insécurité s'installe doucement. Le tout renforcé par des effets d'une simplicité déconcertantes, mais diablement efficaces.

Le plus gros du travail réside surtout dans le son. Chaque fois que le démon se manifeste, un fond sonore sourd se met en place, instaurant une ambiance oppressante. N'importe quel son devient alors la manifestation d'un danger imminant : les clés jetées par terre, les planches qui grincent, sans oublier les bruits de pas. On ne voit rien, on entend tout. On ne sait rien, mais on ressent tout. L'essence même de la peur.

Puis ce sont les phénomènes à proprement parler : portes qui se ferment seules, lumières qui s'allument, ombres mystérieuses ou crises de somnambulisme. Certe, ça peut sembler classique, voire dépassé, mais pour peu qu'on soit un minimum superstitieux, c'est angoissant. En cela, les dernières scènes sont véritablement terrifiantes ! On joue donc sur des peurs très simples, sans être simplistes : peur du noir, peur de ce qu'on ne maîtrise pas... Classique oui, mais efficace !

De là à parler de tournant dans le cinéma d'épouvante, non ! Les idées sont tout de même connues de tous, rien de nouveau de ce côté là.

Au final, que restera-t-il de Paranormal Activity ? Un film avec de très bonnes idées, mais qui souffre de lourds défauts (scénario, rythme, et parfois jeu d'acteurs). Un film à sketches d'horreur, plutôt qu'un film à part entière. Bon, sans être révolutionnaire. À voir.

Ma scène culte:

La scène finale, celle qui fait vraiment peur. Je ne dirai rien car avec ce genre de film, mieux vaut ne pas réveler ce qui se passe, quand bien même ce n'est pas d'une originalité folle.

 

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commentaires

S
I will be sure to look around more. thanks
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S
Thanks for your patience and sorry for the inconvenience
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M
Sur le coup, je suis plutôt d'accord avec Cha, les effets de Paranormal Activity se font plus sur le long terme. Sur le coup, il fautreconnaître que les effets sont peu impressionant, mais une fois que l'on se retrouve seul, la moindre planche qui craque et on se voit déjà face à un démon enragé!
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C
@ Cha : Moi, je dirai plutôt le contraire que ce que tu affirmes. Sur le coup, j'ai bien flippé devant "Paranormal Activity". Mais je l'ai regardé en pleine soirée, dans le noir, et pendant le film, j'ai eu plein de fois les boules. Mais quand je suis allé me coucher, j'ai passé une très bonne nuit...<br /> Ce film marque au moment où on le voit, mais une fois le générique, on a déjà oublié...
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C
Ah, le fameux Buzz du début d'année!<br /> <br /> Bon alors moi j'ai trainé mes copines pour aller le voir, car elles étaient sûre d'être terrifiées du début à la fin et de plus dormir pendant 3 mois.<br /> <br /> J'avoue que le tension et l'angoisse de ce film au réalisme étonnant, sont marquantes.<br /> Quand bien même, j'ai plus rit qu'eut peur! Sans déconner, les situations sont tellement "énormes" (pour la peur), que ça me faisait rire (les nerfs sans doute). Donc à la sortie, moi toute fière: "Peuh! Même pas peur!". Mais la nuit qui a suivie le film... Nuit blanche. J'ai jamais autant flippé de ma vie, entre cauchemar et éveil, je voyais des ombres partout, des voix... L'horreur.<br /> <br /> J'en conclu que Paranormal Activity est un film dont les effets sont à retardement. Je ne vais pas faire de cauchemars avec des morts-vivant ou des monstres. Mais avec une situation horrifique à ce point crédible, on se dit tout de suite que ça peut nous arriver!<br /> La façon dont le réalisateur aborde le scénario (sans argent, un décor de maison simplicime, des acteurs inconnus, une caméra mobile à la Blair Witch, du réalisme, que du réalisme) est vraiment intéressante. C'est une belle leçon pour toutes les grosses prods qui s'évertuent à mettre des millions de $US dans leurs films. Il faut parfois savoir retourner aux sources et à la simplicité quand ça en vaut la peine.<br /> <br /> J'en conclus que le buzz et le succès de ce film sont, au final, une belle leçon d'humilité et de cinéma.
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