"Oh mon Dieu ! Encore un fantôme qui fait claquer les portes ! Ils pourraient innover, non?"
"T'inquiète chérie, dans tous les cas on passera sur Vidéo Gag."
Synopsis:
Depuis qu'elle a 8 ans, les nuits de Katie sont régulièrement pertubées par d'étranges phénomènes. Fantôme, démon? Pour en avoir le coeur net, son ami Micah décide d'installer une camera, afin d'avoir la preuve de ces activités paranormales.
Mon avis:
A l'origine d'un buzz incroyable, qu'on ne présente plus, Paranormal activity, intrigue et gêne tout à la fois. Quelle est donc ce film qui a fait peur à Spielberg en personne (je n'étais d'ailleurs pas au courant qu'il était réputé pour n'avoir peur de rien) ? Mérite-t-il une telle publicité, et des comparaisons pour le moins élogieuses à des références comme L'Exorciste ? Finalement, et comme souvent avec de tels battages médiatiques, la question que tout le monde se pose reste : bombe nucléaire ou pétard mouillé?
Pour entrer dans le vif du sujet, je dirais que le résultat est prometteur, mais inabouti. Les moments purement angoissants laissent malheureusement souvent place à des scènes véritablement inutiles.
Comme un grand nombre de films d'horreur récents, le film repose sur le principe de la vidéo amateur, ce qui permet de donner un côté réaliste au film. Bon moyen pour dynamiser l'action, en particulier dans ce genre de film à petit budget, ce procédé accentue surtout le sentiment de vulnérabilité du spectateur, qui finalement a le sentimement que ce pourrait être lui qui tient la caméra. Encore faut-il que tout ceci soit justifié. Comme dans Rec, où l'héroïne veut faire du journalisme de sensation. Ou dans Cloverfield, dans lequel, à la manière de ceux qui ont filmé les attentats du 11 septembre, le héros cherche à laisser une trace de ce qu'il vit. Si l'on comprend le besoin de Micah de filmer les évènements qui se déroulent la nuit, la pillule passe moins facilement quand il se filme en train de faire du café, de prendre son petit déjeuner, ou encore de s'engueuler avec sa copine...
Loin de créer une atmosphère intimiste, ceci aboutit à des scènes parfaitement inutiles, voire ennuyeuses. Et révèle un des défauts majeurs du film : l'absence de scénario. On y reviendra plus tard, mais pour autant de passages nocturnes réussis, les scènes de jour sont plutôt ratées. En effet, ce qui se passe à la lumière du Soleil va rarement chercher plus loin que quelques questions posées dans le vide. Pourquoi ne pas avoir développé l'histoire de ce démon qui poursuit Katie, plutôt que de se contenter de commentaires creux sur ce qui s'est déroulé durant la nuit ? Le personnage du médium synthétise parfaitement ce goût d'inachevé : largement sous-exploitées, ses interventions se limitent à expliquer que le démon est mauvais (no comment), et que lui ne fait que parler aux fantômes, et donc ne peut rien faire (no comment again), alors qu'il aurait parfaitement pu être celui par qui l'histoire avance. Au final on ne saura pas grand-chose (voire rien du tout quand on y repense). Dommage, car même un semblant d'explication, comme dans les films japonais du style de The Ring, ou The Grudge, aurait suffi. Bref, n'importe quoi plutôt que de voir un type trifouiller sur son logiciel Audacity pour écouter ce qu'on avait déjà écouté.
En revanche, à côté de tout ça, les scènes de nuit réhaussent pleinement le niveau du film. Posée sur un trépied, la caméra permet d'avoir une vision globale de ce qui se passe dans la chambre, et dans le couloir. On sent combien on peut être fragile quand on dort dans son lit. Directement, le stress monte d'un cran, l'insécurité s'installe doucement. Le tout renforcé par des effets d'une simplicité déconcertantes, mais diablement efficaces.
Le plus gros du travail réside surtout dans le son. Chaque fois que le démon se manifeste, un fond sonore sourd se met en place, instaurant une ambiance oppressante. N'importe quel son devient alors la manifestation d'un danger imminant : les clés jetées par terre, les planches qui grincent, sans oublier les bruits de pas. On ne voit rien, on entend tout. On ne sait rien, mais on ressent tout. L'essence même de la peur.
Puis ce sont les phénomènes à proprement parler : portes qui se ferment seules, lumières qui s'allument, ombres mystérieuses ou crises de somnambulisme. Certe, ça peut sembler classique, voire dépassé, mais pour peu qu'on soit un minimum superstitieux, c'est angoissant. En cela, les dernières scènes sont véritablement terrifiantes ! On joue donc sur des peurs très simples, sans être simplistes : peur du noir, peur de ce qu'on ne maîtrise pas... Classique oui, mais efficace !
De là à parler de tournant dans le cinéma d'épouvante, non ! Les idées sont tout de même connues de tous, rien de nouveau de ce côté là.
Au final, que restera-t-il de Paranormal Activity ? Un film avec de très bonnes idées, mais qui souffre de lourds défauts (scénario, rythme, et parfois jeu d'acteurs). Un film à sketches d'horreur, plutôt qu'un film à part entière. Bon, sans être révolutionnaire. À voir.
Ma scène culte:
La scène finale, celle qui fait vraiment peur. Je ne dirai rien car avec ce genre de film, mieux vaut ne pas réveler ce qui se passe, quand bien même ce n'est pas d'une originalité folle.