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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 21:08

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-Je me demande si j'ai bien fait d'accepter ce boulot finalement...

 

Synopsis:

Le cardinal Melville vient d'être désigné pape, au terme d'une longue période d'indécision. Cependant, au moment de se présenter à la foule, il panique, et refuse d'accepter la charge qui lui est confiée. Commence pour lui une réflexion personnelle où les craintes ne vont pas tarder à faire revenir à la surface d'anciens rêves, jamais accomplis.

Mon avis:

Je n'attendais pas particulièrement cet Habemus papam, n'étant pas un expert en Nanni Morretti. D'ailleurs, disons le franchement, c'est le premier film du réalisateur italien que je découvre. De ce fait, j'avais peu de chance d'être déçu comme ont pu l'être de nombreux critiques au dernier festival de Cannes. Je préfère le dire tout de suite, il va m'être impossible de faire cette critique sans dévoiler le dénouement (sera pape ou sera pas ?), tant la fin du film joue sur mon avis. Maintenant que vous êtes prévenus, je vous laisse me suivre (ou pas) à l'intérieur du Vatican selon Moretti.

La première surprise, qui n'en était pas vraiment une pour moi, étant donné le nombre d'articles que j'avais pu lire au sujet de ce film, est que l'on est loin du portrait au vitriol des institutions chrétiennes auquel on pouvait s'attendre. Ici les cardinaux sont présentés comme des êtres touchants, un peu déconnectés de la réalité. Tous portent quelque chose d'enfantin en eux, comme le révèlent les scènes de nuit au sein de la basilique saint Pierre: jeux de cartes, danses improvisées, petites disputes et grand cœur. Ils sont surtout déboussolés sans leur guide spirituel, et l'attendent à la manière de ces enfant qui cherchent leurs parents du regard dès qu'ils se retrouvent isolés. Chaque fois qu'ils croient apercevoir leur pape dans ses appartements, ils sont dans un état fébrile, heureux: Moretti les filme en train d'appeler leurs camarades et de faire des petits coucous à leur éminence.

Si on les voit de cette manière, c'est parce qu'on adopte le point de vue du psychologue, dépêché sur place en urgence pour tenter d'aider le nouveau pape. Le personnage du psychologue constitue la deuxième surprise du film, ni bonne, ni mauvaise mais vraie surprise cette fois. Si comme moi avant de voir le film, vous vous attendez à des face à face d'anthologie entre le spirituel et le rationnel, oubliez les tout de suite. Il y a bien un parallèle entre un passage de la bible et la dépression, mais mis à part cela, on se demande bien pourquoi avoir fait venir un psychologue pour constituer le point de vue externe. A mon avis, Moretti cherche à montrer à travers ce personnage cynique, que le but est le même pour tous, papes comme psys: trouver sa place, et de ce fait, être un peu rassuré. On pense notamment à la façon dont il prend à cœur l'organisation du match de volley (qui donne lieu à de très belles scènes). Et c'est parce qu'il ne se sent pas à sa place dans le rôle du pape, que le cardinal Melville se lance dans sa quête intime.

Les questionnements intérieurs du pape constituent la troisième surprise du film. En effet, le cardinal Melville finit par s'échapper du Vatican, et entamme alors un périple dans les rues de Rome, d'une grande beauté. Tant dans la forme que dans le fond. Dans la forme, à travers le jeu d'acteur riche en émotion contenue de Michel Piccoli, qui prouve une fois de plus l'immensité de son talent. On s'attache immédiatement à ce personnage perdu, et qui se cherche, malgré son grand âge. Cette escapade dans la ville donne lieu à des scènes très subtiles, comme celle qui le voit préparer un discours pour expliquer son attitude à ses fidèles, alors qu'il est assis, seul, dans un métro. Dans le fond, parce que la question qui surgit est la suivante: et si à 80 ans on se rendait compte que l'on était passé à côté de sa vie? Car cet homme rêvait d'être acteur, et non cardinal. Faire rêver un poignée de spectateurs, et non guider un milliard de croyants. L'idée est belle, de rappeler qu'un homme d'Eglise même pape, reste un homme, avec ses propres désillusions. Le film m'a d'ailleurs rappelé Le discours d'un roi qui évoque un peu le même sujet.

Puis vint la fin... Les 5 dernières minutes voient Melville ramené de force au Vatican, être préparé pour se présenter à la foule des fidèles, faire un discours dans lequel il explique aux chrétiens du monde entier qu'il n'est pas fait pour être guide, refuser la charge qui lui est confiée. Désespoir des cardinals, fondu au noir et générique de fin. Bon, d'abord sur la question de savoir si Nanni Moretti a bien fait de choisir une fin religieusement incorrecte, je ne suis pas gêné outre mesure. Certes dans mon interprétation du film, le périple de Melville aurait dû être une sorte d'adieu final à ses rêves de jeunesse, qui se serait conclu par sa consécration en tant que pape (fin amère qui aurait largement collé à l'ambiance du film). Mais je comprends le choix de Moretti. Ce que je ne comprends pas c'est la façon de le filmer. En effet, on a le sentiment que cette fin est tellement expédiée, que le film aurait finalement pu être fini en 15 minutes au lieu des 1h45 qu'il dure. Aucune forme de bilan de son expérience dans les rues de Rome, de ses rencontres, de ses envies. Il se contente de nous dire qu'il n'est pas fait pour être guide. D'accord, il a bien appris ça de son escapade, mais finalement, nous autres spectateurs le soupçonnions depuis le début... Pourquoi ne pas avoir profiter de la fin pour nous offrir le face à face tant espéré entre le pape et le psy? Ce dernier se retrouve d'ailleurs bien inutile à ce moment. Ce finale laisse les intentions du réalisateur un peu floues. Enfin, dernier point qui me fâche, le désespoir des cardinaux, pris au dépourvu par le discours du pape, est filmé avec une telle emphase (les visages dans les mains, ralentis, musique ô combien dramatique...) que la scène sonne faux par rapport à la subtilité du film.

Que retenir finalement? Que sur 1h45 de film, on a 1h40 de grand Cinéma. Que les 5 dernières minutes gâchent le plaisir, et empêchent au film d'entrer dans la compétition pour le titre de meilleur film de l'année (je parle de mon classement personnel, et je sais, c'est dur, mais je suis très sensible à la fin des films). Que j'ai une grande envie de découvrir l'oeuvre de Nanni Moretti!

Ma scène culte:

Au moment du premier vote pour élire le pape, la camera s'attarde sur plusieurs cardinaux. On peut alors entendre leurs pensées, et on découvre alors qu'aucun d'entre eux ne veut devenir pape, terrorisé par la charge. A un moment donné, toutes les pensées commencent à se faire entendre en même temps, laissant place à un vacarme de "s'il vous plaît, pas moi". La scène illustre le caractère enfantin des cardinaux qui semblent perdus face à l'inconnu.

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commentaires

V
Ca doit être intéressant de se mettre, le temps d'un film, dans la peau d'un pape.
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S
<br /> Comme toi, la fin m'a laissé un goût d'inachevé dans la bouche. Alors que le film pose une question qu'on se pose tous (et si jamais je passais à côté de ma vie ?), il n'apporte aucune réponse, à<br /> se demander à quoi il aura servi.<br /> Finalement, j'ai pris ce film comme un bon divertissement, sur lequel il faut pas trop se poser de questions ...<br /> J'ajouterais aussi que, le voir en VO, c'est le pied total :P<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> En effet, l'italien est une langue qui passe vraiment bien au cinéma!<br /> <br /> <br /> <br />

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