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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 11:40

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Eh ben quoi? T'es jamais allé en boîte avec un marteau?

 

Synopsis:

Il est cascadeur le jour, chauffeur la nuit. Oui mais un chauffeur d'un genre particulier: il roule pour le compte de divers braqueurs et autres gangsters. Pas besoin d'en savoir plus sur lui. Et surtout pas de se mettre en tête de vouloir s'attaquer à sa voisine de palier. Car s'il y a bien une seule personne qui lui rappelle son humanité, c'est bien elle. Alors quand on se met en tête de la faire souffrir... 

Mon avis:

Drive vous prend aux tripes des les premières minutes. Un braquage, une course-poursuite, un héros mutique. Oui, mais aussi une atmosphère feutrée, à la fois oppressante et apaisante, des cadrages parfaits et un timing de la précision d'une montre suisse. Fondu au noir et générique d'introduction. 

Changement d'ambiance. Toujours la nuit, mais plus de crissements de pneus, ni de grondements de moteurs. A la place, un générique sur fond de plans nocturnes de L.A., le nom des divers participants de la production écrits en rose bonbon, et musique pop style année 80. Film romantique?

Choc, double choc et contre-choc. Ne cherchez pas de philosophie, de discours social, ou du simple divertissement, on est ici face à de l'art pur. Ne serait la présence d'un scénario, par ailleurs efficace, que j'aurais osé le terme abstrait. Tout est fait pour démultiplier l'expérience sensorielle. Coeur et esprit unis pour voir, que dis-je, vivre un film d'une puissance inédite. Utilisé à tort et à travers, un mot prend ici tout son sens: transcendance.

Parce que Drive, est bel et bien transcendant: plus qu'un film d'action, plus qu'une histoire d'amour, plus qu'une révélation cannoise, un véritable classique instantané. Unique en son genre, il exacerbe à la fois les plulsions de vie et de mort, dans un style brillant.

Le film fait surgir la vie au détour de certains plans parfaits, qui révèlent un sens de la composition génial. L'amour apparaît sous les traits de la magnifique Carey Mulligan, visage digne, qui en a trop vu, et qui n'en peut plus de courir après une paix qui semble la fuir. Il est également présent dans l'attitude de l'excellent Ryan Gosling, qui s'autorise alors un rare sourire, qui vous illumine une scène. Des face-à-face muets, mais expressifs. Des non-dits qui veulent tout dire. Un amour qui engendre la mort.

Cette dernière est une évidence. Un tel bonheur ne peut être possible, c'est la vie ici, pas le paradis. Et dès lors que cet amour est menacé, les tréfonds de l'âme humaine surgissent, à travers une violence crue, brutale, chocante. Ames sensibles s'abstenir: on préfère les poings et l'arme blanche aux armes à feu. Jamais gratuite, elle choque car elle révèle une vérité sur nous même: nous la voulons! Il faut bien voir qu'ici, ceux sur qui se déverse le torrent de haine des personnages sont des médiocres, des êtres répugnants, que nous même voulons voir souffrir. Comme s'il lisait au fond de nos pensées, le réalisateur répond à nos attentes, et nous restons là, à la fois réjouits et horrifiés. Au contraire, le sort de personnages attachants, s'il peut se révéler tragique, est plus doux, voire digne. Une adéquation parfaite entre le ressenti et le vécu.

Alors quand amour et mort se rejoignent lors de plusieurs scène, la détonation est trop forte. L'explosion émotionnelle souffle tout sur son passage, ne laissant personne indemne. C'est lorsqu'un mentor raté mais attachant, nous quitte pour avoir été présent au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est lorsqu'on retrouve un enfant aux pieds de son père qui vient de se faire brutaliser. C'est surtout lorsque l'on menace l'amour de notre héros dans un ascenseur. Ahurissant, on en ressort soufflé.

Finalement, toutes nos émotions sont exacérbés, par ce film qui ne fait aucune concession, qui refuse de ménager ses spectateurs, pour les emmener au plus profond d'un voyage intérieur d'une rare puissance. Immanquable.

Ma scène culte:

La scène de l'ascenseur, qui est déjà un classique. Le héros et sa voisine entrent dans l'ascenseur, où un troisième homme les attend. Il porte une arme, que notre cacadeur repère immédiatement. On a alors un ralenti magnifique, durant lequel il attire la femme qu'il aime dans le coin de l'ascenseur, et l'embrasse pour la première fois. La séquence est hors du temps. Les deux amants ne vivent plus que l'un pour l'autre, l'espace de quelques instants. L'impression est renforcée par le jeu de lumière fascinant. Et soudain tout s'arrête, retour à la réalité, la dure réalité, le héros se retourne et se lance dans une aggression d'une violence inouïe envers le tueur lancé à ses trousses. La scène résume à elle seule tout le film. Et quelle puissance!

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commentaires

V
<br /> Tu me fais découvrir ce film que je ne connais pas. Je vois qu'il est tout récent. Merci en tout cas pour ton article que j'ai lu avec beaucoup d'attention.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Ton commentaire me fait sincèrement plaisir, c'est à moi de te remercier! Pour ce qui est du film, je le classe clairement dans mon top 3 des films de l'année.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Merci beaucoup!<br /> Je n'avais pas pensé à faire le rapprochement avec No country for old men pour la scène du motel, mais maintenant que tu le dis, ça me parait évident. Excellente scène également!<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Entièrement d'accord ! C'est un film merveilleux ! Quel cinéaste et quel degotage d'acteur ! Une bonne claque ! Trés bon article et effectivement la scene de l'ascenseur reste bien en tête ! Même<br /> si celle du motel (a ranger a côté de celle de No Country for old men) reste egalement dans un coin clés ! Toujours auteur d'articles aussi bien résumé et avec beaucoup de simplicité regalante !<br /> <br /> <br />
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